Biographie
Né à Bloemfontein (Afrique du Sud), John Ronald Reuel Tolkien passe son enfance en Grande-Bretagne, près de Birmingham. Étudiant à Oxford, il se consacre essentiellement à la langue et à la littérature anglo-saxonnes. Devenu professeur et chercheur, il enseigne la philologie et publie des études sur Chaucer (Chaucer as a Philologist, 1936) et sur le grand poème anglo-saxon du VIIe siècle, Beowulf (Beowulf : the Monsters and the Critics). On lui doit également une édition critique d'une branche anglo-saxonne du cycle du roi Arthur : Sir Gawain and the Green Knight, 1925.
Questions de langage et de mythes entremêlées (car pour Tolkien, retrouver une langue perdue, c'est retrouver tout un imaginaire), le philologue Tolkien se confond avec l'écrivain qui conçoit et réalise une épopée mythologique ample et originale, Le Seigneur des anneaux, composée de trois parties : La Communauté de l'anneau ; Les Deux Tours ; Le Retour du roi, publiée en 1954-1955. Après quelque hésitation du public, cet ouvrage obtient un succès considérable aux États-Unis, en Grande-Bretagne, bien au-delà enfin, grâce à de nombreuses traductions.
Tolkien est alors salué comme le puissant inventeur d'une mythologie cohérente, de grande ampleur, combinant un archaïsme fondé sur les sagas nordiques, Beowulf, les romans de chevalerie... et une narration moderne, simple et linéaire qui ne craint pas de faire appel au suspense ou à l'imaginaire du fantastique, le tout sur un fond difficilement contournable de référence implicite à l'actualité : guerres mondiales en filigrane. L'anneau est le symbole du Pouvoir absolu, mais le but de la quête n'est pas, ici, de se l'approprier. Au contraire, il s'agit de l'anéantir afin qu'il ne profite pas aux forces du mal. Pour finir, l'anneau sera détruit par les courageux Hobbits qui en sont, par hasard, les détenteurs.
Tolkien imagine et décrit avec beaucoup de précisions (y compris cartographiques, épigraphiques, linguistiques) l'action des forces du bien, unies avec leurs différences : Hobbits, Elfes, Nains, Ents, Hommes, Magiciens..., contre le mal et ses brigades effrayantes : Orques, Cavaliers noirs, Nazgûls... Le manichéisme ne souffre guère d'exceptions dans cette œuvre où le moralisme simple est heureusement tempéré par une invention inépuisable.
Partie centrale de l'œuvre narrative de Tolkien, Le Seigneur des anneaux est précédé d'un conte pour enfants : Le Hobbit (1937) qui annonce les thèmes et l'atmosphère de l'œuvre maîtresse. Successivement paraissent ensuite les récits : Le Fermier Gilles de Ham (1949), Smith de Grand Wootton (1957), Les Aventures de Tom Bombabil, conte versifié (1962), Feuille, de Niggle (1964). Édité après la mort de Tolkien, Le Silmarillion rassemble des textes qui explorent la genèse du monde minutieusement créé par le conteur.
Tolkien est également l'auteur d'un essai intitulé Du conte de fées (1938), dans lequel il développe sa conception qui tend à conférer au conte une fonction morale de
consolation et d'évasion, véritable recours face à un monde moderne clairement refusé comme
âpre et laid. Dans cette perspective, l'œuvre de Tolkien peut contradictoirement être appréciée comme l'expression d'un retour à une nature antérieure euphorique et perdue, ou bien comme la manifestation passéiste d'un refus du temps présent.
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Prix
commandeur de l'ordre de l'Empire britannique
1972prix Locus du meilleur roman de fantasy
1978 Le Silmarillionprix Mythopoeic
1981 Contes et légendes inachevés *prix Hugo 1995 du meilleur film
2002 La Communauté de l'anneauNebula Award for Best Script
2003 Les Deux Tours2003 La Communauté de l'anneau
2004 Le Retour du roi